Passage, j'accuse le silence

"Je ne sais pas vraiment séparer les choses, j'ai déjà essayé quelques fois, mais je n'y suis pas parvenue. Quand je peins, assez vite, me vient aussi une pensée d'écriture qui débouche sur de la mise en scène, des décors, des costumes et la manière dont il convient de photographier et réaliser également. J'aime utiliser tous les espaces de dramatisation pour parler de la condition des femmes dans le monde. Depuis 3 ans, j'ai imaginé une performance d'art qui s'appuie sur une activité dite féminine : " le défilé de mode", afin de porter des messages forts de conviction et formuler une critique de toutes les sociétés masculinistes. Dès le début, le mouvement de libération des femmes a été récupéré par l'industrie de la mode. Aujourd'hui encore, le féminisme lui sert d'argument de vente. Pourtant, si Dior, et Chanel appellent à se rebeller contre les stéréotypes patriarcaux, la culture patriarcale est encore très présente dans la mode et soulève une série de contradictions dont je me suis emparée pour créer ce nouveau concept. Diktat sexiste dans sa représentation des femmes, la mode renvoie à l'idée d'une femme objet où l'on s'intéresse plus à son physique qu'à ce qu'elle est. Les marques ont +ini par réduire le féminisme à un slogan, un argument de vente dans un spectacle qui ne propose aucune révolution réelle, ni aucune autre forme d'engagement. Cela revient à vider ce mot de son sens. Avec " Passage, j'accuse le silence ", un contre-défilé de mode expérimental inspirés de ma fresque peinte "Vie de femme, petits riens et théorie du tout", le public percevra et comprendra la nécessité d'un féminisme universaliste qui souhaite déconstruire les stéréotypes du genre. Ce contre-défilé montrera des vêtements qui ne reflètent pas le rôle des femmes dans la société, mais porteront un message sur la condition des femmes . Je me suis donc intéressée à la question du corps féminin dans l'espace public que ce soit en occident ou en orient. Cette femme tantôt soumise, tantôt pionnière, tantôt prisonnière de ses propres contradictions. Par choix, pour fédérer et communiquer autour du thème, j'ai voulu cette œuvre collective. C'est pourquoi je continue à impliquer des jeunes, des femmes et hommes de tous les horizons ainsi que le monde politique, social et culturel."

L'artiste revendique d'être "une artiste d'action", une artiste engagée. Grâce à l'association L'Arme pacifique de l'art, elle participe à la lutte pour les droits fondamentaux humains. Une volonté d'informer guide son travail. Elle place les valeurs humanistes au-delà de toutes les autres et sa création se doit d'en être le reflet. Fascinée par la peinture dès son plus jeune âge, elle a appris à regarder, à reconnaitre, à reproduire puis à créer. Arpenter les musées, plonger dans l'émotion de la couleur et travailler sans relâche les différentes techniques ont été les ressources essentielles de sa vie. Grâce à son métier de scénographe, metteure en scène, réalisatrice, et à la connaissance de tous les mediums, elle s'est affirmée, développée par une pratique créative intensive. Elle cherche à exprimer, par la peinture, la photographie, la vidéo, la performance... " un esprit d'artiste " et particulièrement " une esthétique féministe " en tant que catalyseur et force sociale. Sans rejeter les différentes écoles de styles, héritage de l'imaginaire collectif mondial, son exploitation des images est une interprétation qui rivalise avec la toute-puissance du modèle notoire qu'elle recopie et modifie. Elle prône le remixe tout en y mettant une dimension émotionnelle et affective personnelle liée à la condition de la femme. Les images ont un pouvoir de persuasion qui dépasse de loin celui les mots. Elle a l'intime conviction de l'importance de l'interaction entre l'art et la vie. C'est l'affirmation des passions, du plaisir et du partage...